La bonne ou moins bonne qualité de vie au travail va influer sur les salariés, leur performance individuelle et collective, mais aussi sur leur santé. Négocier avec la direction de l’entreprise sur ce thème est l’une des missions du CSE. Au sein de cette négociation la prévention des conduites addictives tient une place importante.

De l’usage à la dépendance, les consommations addictives concernent plus de 20 millions d’actifs parmi les 29 millions en France (salariés du privé ou agents de la fonction publique, en CDI comme en CDD)

Chaque année, 49 000 décès par an sont liés à l’alcool et 73 000 décès par an sont liés au tabac. La proportion d’usagers réguliers de cannabis (au moins dix fois par mois) atteint 3,6% des 18-64 ans en 2017 et la part des 18-64 ans ayant expérimenté la cocaïne a été multipliée par quatre en vingt ans, passant de 1,2 % en 1995 à 5,6 % en 2017. Depuis 2010, la consommation de médicaments psychotropes a globalement diminué, bien que le nombre de consommateurs reste très élevé : 13,4 % de la population française en a consommé dans l’année.

L’engagement des entreprises pour la prévention et la réduction des consommations à risque peut trouver un écho dans les normes d’application volontaire, les référentiels, nationaux et internationaux, et les outils de pilotage de la RSE : norme ISO 26 000, Objectifs du Développement Durable (ODD), Global Reporting Initiative, travaux de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), principes directeurs des Nations unies pour les entreprises et les droits de l’homme, etc.

 Bien que l’activité professionnelle soit un facteur de protection des conduites addictives, plusieurs études ont mis en lumière le lien entre des difficultés rencontrées quotidiennement dans le monde professionnel et une augmentation de la consommation de substances psychoactives sur le lieu de travail.

À ce titre, on distingue généralement trois vecteurs pouvant expliquer cette consommation : une consommation importée de la vie privée du salarié ; la consommation qui résulte de sollicitations et facilitations du milieu professionnel ; l’idée de « dopage » pour tenir au quotidien, faire face au stress, à des douleurs récurrentes, pour tenir le rythme, etc.

Cette consommation à risque peut être occasionnelle, répétitive et collective ou individuelle, en lien avec une relation difficile voire pathologique à un ou plusieurs produits.

L’entreprise, un lieu de sensibilisation, d’information et d’actions pour prévenir et réduire les consommations à risque des salariés. L’injonction législative faite à l’employeur d’assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale des travailleurs doit l’encourager à mettre en place une démarche de prévention des conduites addictives. La réussite de cette démarche repose sur l’implication de tous les acteurs de l’entreprise.

Son élaboration doit se faire dans un esprit de concertation, d’accompagnement, de soutien, et ne pas rester dans une logique répressive ou de sanction.

La Plateforme RSE a formulé une quinzaine de recommandations aux différents acteurs afin de promouvoir une approche globale de prévention et de réduction des risques

Au gouvernement, pour qu’il veille à ce que, dans les politiques publiques de lutte contre les addictions, la prévention prime sur la répression, et que cette orientation s’applique aussi aux obligations du monde de l’entreprise ; qu’il mène à bien la réforme de la médecine du travail et mette en place des dispositifs de dialogue entre la médecine du travail et la médecine de ville ; qu’il intègre la lutte contre les conduites addictives dans la formation initiale des futurs managers (écoles de commerce, de gestion et d’ingénieurs), ainsi que dans la journée de formation suivie par les futurs responsables d’un point de vente d’alcool ou de tabac avant l’obtention du KBIS ; et aussi qu’il intègre des cas concrets du monde professionnel dans les campagnes de santé publique contre les addictions.

Les recommandations de la plateforme RSE à destination des entreprises doit selon elle :

  • *porter une attention particulière à la qualité de vie au travail (QVT) de leurs salariés et à la vulnérabilité des jeunes – stagiaires, apprentis, alternants –, particulièrement exposés à ce risque
  • *associer les parties prenantes internes (salariés, médecine du travail, Comité social et économique, DRH, manageurs) à la définition et à la mise en œuvre de leurs actions d’information et de prévention
  • *veiller à la sensibilisation et à la formation du personnel médical des services de santé au travail et associer des tiers (associations de patients, etc.) aux actions menées dans l’entreprise
  • *relayer dans l’entreprise les messages des campagnes nationales de prévention et participer aux programmes d’action proposés par les organismes de protection sociale ;
  • *faire figurer leurs politiques de prévention des consommations à risque dans la valorisation de leurs politiques de responsabilité sociétale.

Aux fédérations professionnelles, elle leur demande de renforcer l’accompagnement et la sensibilisation de leurs adhérents, rendre publiques les initiatives menées avec eux pour lutter contre les conduites addictives, et établir une charte d’engagement à destination des opérateurs de filières productrices ou distributrices d’alcool et de tabac.

Les conséquences des consommations de substances psychoactives dans le milieu professionnel sont rappelées : pertes de production, absentéisme, perte d’image pour l’entreprise, accidents du travail. La prévention et la prise en charge des addictions est un enjeu de santé pour les entreprises. Les conséquences posées par la consommation de substances psychoactives et autres addictions sont préoccupantes pour ces dernières autant que pour les salariés. C’est pourquoi la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) et le ministère du travail ont soutenu l’initiative du Fonds Actions Addictions de créer un site de référence qui rassemble les informations sur les bonnes pratiques en la matière.

Plus d’infos : www.addictaide.fr

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