acf3a736f6d7f039d0f48b0482d89La pétition lancée sur le site change.org par Priscilla Ludosky – travaillant en statut d’autoentrepreneur en Seine et Marne et adressée au Ministère de la Transition écologique et solidaire a rassemblé 1 169 549 signataires. Voici les grandes lignes de cette pétition documentée.

Depuis janvier 2018, particulièrement, nous constatons une forte hausse du prix du carburant. Soit une hausse de 7,6 centimes/litre pour le gasoil, et de 3,8 centimes/litre pour l’essence. En 2021, essence et diesel seront au même prix. Selon l’Union française des industries pétrolières (UFIP), le gazole devrait encore augmenter de 34 centimes pendant le mandat d’Emmanuel Macron. En 2021, il devrait être plus cher que le sans-plomb.
Priscilla Ludosky explique ainsi que de nombreux sont avancés pour justifier cette hausse :

– Changer les habitudes des automobilistes et les inciter à acheter des voitures à essence ou électriques

– Contexte géopolitique : conflits entre les pays exportateurs de pétrole = variations du cours du pétrole
– Hausse des marges pratiquées par les stations-service : le rapport de l’Association nationale de défense des consommateurs et usagers annonce une hausse de 11 à 13,9 cts pour l’essence et de 11,2 à 12,6 pour le gasoil alors que le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) explique que les stations-service « ont des contrats bien ficelés avec les pétroliers et gagnent de toute façon entre 1,5 et 4 centimes de commission au litre vendu ».

– Hausse des taxes du gouvernement (TICPE, taxe sur les produits pétroliers, et la taxe carbone). La fiscalité dans son ensemble représente environ deux tiers du prix des carburants (soit environ 60 % du prix à la pompe).

– Demande croissante en pétrole de la part des pays émergents (Chine, Inde, Moyen Orient).

– Montée en charge des certificats d’économies d’énergie (CEE) ; un dispositif créé en 2006 qui repose sur une obligation de réalisation d’économies d’énergie imposée par les pouvoirs publics aux vendeurs d’énergie.

Manifestation du mouvement des gilets jaunes de la FFMC, à la place de la République, à Belfort, le 17 novembre 2018.
Manifestation du mouvement des gilets jaunes de la FFMC, à la place de la République, à Belfort, le 17 novembre 2018.

Priscilla Ludosky explique que les citoyens ne sont pas responsables de ces motifs et que compte tenu du prix des véhicules hybrides et diésel, c’est la motorisation essence traditionnelle qui profite des mesures du gouvernement, « ce qui pose un vrai problème en termes de pollution puisque si le diesel rejette plus d’oxydes d’azote, il émet moins de CO2 que l’essence. » Elle conclut ainsi :

« Il est tout à fait honorable que nous cherchions des solutions pour circuler en polluant le moins possible notre environnement. Mais la hausse des taxes imposée par le gouvernement n’est pas la solution ! Nous sommes déjà dépendants des cours du pétrole, il n’est pas question qu’en plus nous subissions une augmentation des taxes ! Elle propose alors quelques pistes alliant accroissement du télétravail, des offres de reprises des véhicules, ou encore l’allocation de subventions et autres aides aux entreprises afin qu’elles s’installent en banlieue et en province pour désengorger les grandes villes et limiter les longs déplacements en voitures et même le financement de projets visant à créer des éco/bio-carburant »…

« Je pense pouvoir parler au nom de toutes les personnes qui n’en peuvent plus de payer pour les erreurs des dirigeants et qui ne souhaitent pas toujours tout payer et à n’importe quel prix ! Je vous invite à signer cette pétition pour permettre le franchissement d’une étape allant vers le dialogue ».

L’association nationale de défense des consommateurs et usagers notait sur son site le 2 novembre dernier :

Augmentation des taxes : un nouveau coup dur pour les consommateurs

L’augmentation des taxes s’ajoutant à celle du prix du pétrole engendre une forte hausse des énergies utilisées au quotidien par les ménages. Le plein de carburant sur 18 mois a augmenté d’une quinzaine d’euros et le prix du fioul a augmenté de près de 50 % !

Les Français résidant dans les zones rurales et périurbaines – grands consommateurs de carburants et de fioul – sont les premiers impactés et perçoivent l’augmentation des taxes sur les carburants et sur le fioul comme une double peine.

La proposition faite au gouvernement par l’association est simple : geler les taxes pour 2019 afin de conserver un bénéfice environnemental et stabiliser le pouvoir d’achat des consommateurs, et consacrer plus d’argent aux aides. Le gel des taxes n’a pas été retenu par le ministre de l’Économie, ce qui montre, selon nous, que les taxes représentent avant tout un rendement budgétaire pour l’État, trop important pour être remis en cause. L’augmentation de la prime à la conversion annoncée ne sera pas une réponse suffisante à l’augmentation des prix du carburant.

La CLCV demande des aides importantes à destination des ménages. Nous proposons par exemple une prime à la conversion de chauffage ou que les critères d’aide de l’ANAH, dans le cadre de la rénovation énergétique et de confort, soient élargis.

Réunion des Gilets Jaunes 66 à Saint-Laurent-de-la-Salanque
Réunion des Gilets Jaunes 66 à Saint-Laurent-de-la-Salanque

D’ autres idées ont aussi été émises très tôt qui visaient à la fois à renflouer les caisses de l’Etat en privilégiant les personnes à haut revenu en tant que contributeurs et poursuivre la transition écologique. Ainsi, on a pu noter sur Facebook la demande d’une plus forte taxation des billets d’avion pour les vols internationaux, notamment touristiques, le rétablissement de l’ISF ou encore la taxation des billets des croisiéristes…

Jacqueline Mouraud, hypnothérapeute en Loire Atlantique, a posté une vidéo le 18 octobre pour créer un mouvement de contestation dans toute la France avec un appel à manifester partout en France le 17 novembre. Ce mouvement s’est défini au départ comme un mouvement des citoyens, qui se voulait apolitique et en dehors de toute étiquette. A cette date, ce mouvement a été accueilli avec enthousiasme par beaucoup de français et a enflé : il traduit un ras le bol des Français pour les taxes et impôts et réclament davantage de pouvoir d’achat.

Pourtant, si la France est championne des impôts et taxes, elle est aussi le 1er pays de la redistribution. Alors, il peut sembler paradoxal d’entendre un tel discours, qui exige d’une part plus de pouvoir d’achat et d’autre part, moins d’impôts et de taxes alors que l’on sait qu’en moyenne 40% du revenu disponible des classes populaires provient des prestations sociales non contributives (allocations familiales, aides au logement et minima sociaux). En analysant plus finement les données, on constate que c’est bien dans le budget des classes populaires que pèse le plus les prélèvements tels que la CSG, la TVA, les taxes énergétiques et sur le tabac ou l’alcool. On comprend alors mieux pourquoi les gens crient à l’injustice quand ces taxes et impôts augmentent tandis qu’en même temps l’ISF est refondu, l’exit tax supprimée, les aides au logement diminuées… alors qu’à l’inverse, les 0,01% les plus riches profiteront amplement des réformes du gouvernement.

Mais doit-on opposer ce mouvement qui est contre la taxation des carburants à des mesures pour faire face à l’urgence écologique ? Ce n’est pas si simple. Les modes de transports les plus polluants que sont l’avion et le bateau ne sont pas soumis à la TICPE (Taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques) et les vols internationaux sont exonérés de TVA. En réalité, l’incompréhension ne viendrait-elle pas du manque de volonté forte du gouvernement à agir en faveur de l’environnement par une fiscalité plus constructive ou du fait même que l’Etat se désengage des transports publics par la privatisation des lignes ferroviaires et la vente d’actifs aéroportuaires ?

Les manifestations du 17 novembre ont eu lieu dans toute la France, après le barrage de nombreux ronds-points.

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