Un des sujets des prochaines élections présidentielles sera sans aucun doute le pouvoir d’achat des français. Un sujet où les promesses n’engagent que ceux qui les croient… Nous avons essayé de dénouer les tenants et aboutissants du pouvoir d’achat, un sujet souvent douloureux pour les salariés et les représentants du personnel, qui négocient les salaires et les avantages que peuvent obtenir les salariés dans leur entreprise.

 

Qu’est-ce que le pouvoir d’achat et comment le mesure-t-on ?

Le gouvernement donne une définition simple du pouvoir d’achat sur son site. « Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter.  Le pouvoir d’achat dépend donc à la fois, du niveau desrevenus et du niveau des prix. L’évolution du pouvoir d’achat correspond donc à la différence entre l’évolution des revenus des ménages et l’évolution des prix. Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Dans le cas contraire, il diminue »*.

Si ce calcul est compréhensible par tous et ne peut a priori être guère remis en cause, il semble toutefois que le pouvoir d’achat varie selon de multiples notions économiques et sociologiques absentes de ce calcul.

Aussi, pour faire le calcul du pouvoir d’achat, l’INSEE utilise des unités de consommation, 1 unité de consommation pour un adulte, 0,5 UC pour chaque personne de plus de 14 ans supplémentaire et seulement 0,3 UC pour chaque enfant de moins de 14 ans. Ainsi, un ménage composé d’un couple, d’un adolescent de 16 ans et d’une enfant de 10 ans comptabilise 2,3 UC (1 UC pour le premier parent, 0,5 UC pour le deuxième parent, 0,5 UC pour l’adolescent et 0,3 UC pour l’enfant). Ce calcul mis en place par l’INSEE permet la comparaison des années entre elles et des individus entre eux.

Le revenu disponible

Pour calculer le pouvoir d’achat des ménages, il faut prendre en compte le revenu disponible des ménages, c’est-à-dire les revenus d’activité, augmentés des prestations sociales reçues et diminués des impôts versés.

 

L’évolution des prix

L’indice des prix à la consommation calculé par l’Insee permet d’estimer entre deux périodes données la variation du niveau général des prix des biens et services consommés par les ménages. L’évolution des prix à la hausse correspond à l’inflation qui mesure la variation moyenne des prix des produits (biens et services) consommés par les ménages.

Alors que le pouvoir d’achat des ménages français croissait régulièrement depuis 30 ans, en 2012, il a baissé de 1% par unité de consommation. Les deux principales raisons qui ont été avancées sont le ralentissement des salaires et la hausse des prélèvements obligatoires. Concrètement, la baisse du pouvoir d’achat en 2012 s’est traduite par une très légère diminution de la consommation et un ralentissement de l’épargne. 2013 a également été une année difficile pour les français, avec une baisse du pouvoir d’achat de 1,2%. A partir de 2014, le pouvoir d’achat est reparti à la hausse avec des taux de croissance en moyenne de plus d’1% par an.

 

2019, une année charnière**

Suite au mouvement des gilets jaunes, des mesures ont été prises pour augmenter le pouvoir d’achatdes ménages français. En 2019, le pouvoir d’achat augmente de 2,6%.

La prime d’activité, versée aux travailleurs modestes, a été élargie et son montant a fortement augmenté. En 2019, 18 % des ménages bénéficient de la prime d’activité, contre 13 % en 2018. Le taux de contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus de remplacement a été rétabli à 6,6 % pour la moitié des retraités touchés par la hausse de 1,7 point de ce même taux en 2018.

Deux autres mesures rehaussent les revenus des salariés : la mise en place d’une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), versée par l’employeur et exonérée de cotisations sociales et d’impôt, et l’exonération des heures supplémentaires de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. Ces deux types de revenus d’activité (Pepa et heures supplémentaires) sont exonérés d’impôt sur le revenu et ne sont, par conséquent, pas ou mal couverts par les déclarations fiscales sur lesquelles s’appuie le calcul du revenu avant redistribution des ménages. Leurs montants ont été imputés en s’appuyant sur des cibles issues des déclarations sociales nominatives (DSN) réalisées par les employeurs, par secteur d’activité et catégorie socioprofessionnelle. En 2019, environ 40 % des salariés ont bénéficié d’une exonération de leurs heures supplémentaires et 22 % de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat. Le salaire annuel des personnes bénéficiant de ces mesures est en moyenne rehaussé de 1 150 euros pour les heures supplémentaires exonérées et de 410 euros pour la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat.

En 2019, en France métropolitaine, le niveau de vie médian de la population est de 22 040 euros annuels. Il augmente de 2,6 % en euros constants par rapport à 2018, sa plus forte progression depuis le début des années 2000. Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 11 660 euros. Les 10 % les plus aisées ont un niveau de vie au moins 3,4 fois supérieur, au-delà de 39 930 euros.

Cette année-là, les niveaux de vie augmentent davantage dans le bas et le milieu de la distribution. Les ménages les plus modestes bénéficient de la baisse du chômage. Les inégalités de niveau de vie ont donc fortement diminué en 2019, après avoir fortement augmenté en 2018. Le taux de pauvreté monétaire, c’est-à-dire la part de personnes pauvres dans la population, est de 14,6 % en 2019. Il diminue de 0,2 point par rapport à 2018, une baisse proche de celle estimée à l’automne 2020. En 2019, les évolutions des indicateurs de niveau de vie et de pauvreté monétaire traduisent en partie la mise en œuvre des mesures d’urgence économique et sociale, votées fin 2018.

 

Les impôts indirects viennent grever le budget des ménages les plus pauvres

Seuls les prélèvements directs sont pris en compte dans la mesure du niveau de vie. Or, en 2019, comme en 2018, les taxes sur le tabac ont augmenté. En intégrant cette mesure, l’impact global des mesures fiscales et sociales de 2019 sur le niveau de vie de l’ensemble de la population se limite à + 0,8 % en année pleine et à consommation de tabac constante. Cette hausse des prélèvements indirects pénalise l’ensemble de la population, mais pèse davantage sur les personnes les plus modestes en proportion de leur niveau de vie*.

 

Les principales modifications réglementaires intervenues en 2019*

Au 1er janvier 2019

  • Revalorisation de la prime d’activité
  • Modification des durées d’attribution de l’Aah, de l’Aeeh et compléments associés

Au 1er avril 2019

  • Revalorisation des prestations familiales et sociales

Au 25 mai 2019

  • Complément de libre choix du mode de garde (cmg)

Au 1er novembre 2019

  • Revalorisation exceptionnelle de l’Aah et modification du plafond de ressources applicable aux couples en métropole et dans les Dom hors Mayotte
  • Majoration du montant plafond du Cmg en présence d’un enfant à charge ouvrant droit à l’Aeeh

Au 1er décembre 2019

  • Fusion des compléments Aah

Au 13 décembre 2019

  • Versement de la prime de Noël

*source : Direction des statistiques, des études et de la recherche – CAF

*site du gouvernement
**soource : INSEE

***source : INSEE / Flore Cornuet, Michaël Sicsic (Insee) Simon Fredon, Félix Paquier, Noémie Vergier (Drees)

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