L’accès à la culture constitue un élément essentiel à l’épanouissement individuel et collectif. Trop souvent élitiste, compte tenu du prix des billets d’entrée mais aussi trop souvent par les préalables nécessaires pour y prendre plaisir, la société a tout intérêt à favoriser l’accès à la culture. Voici pourquoi…
La culture constitue le socle de toute civilisation ; elle influence nos valeurs, nos croyances, nos comportements et notre manière d’interagir avec le monde qui nous entoure. Elle englobe non seulement toutes les formes d’art, mais également les sciences, les modes de communication et les traditions.
La culture, une histoire de transmission
Elle constitue un pont entre le passé et l’avenir, va de génération en génération. Les parents, les éducateurs, la société en général jouent un rôle crucial dans la transmission des éléments culturels.
Cette transmission se fait un peu à l’école mais surtout souvent de manière informelle, à travers des interactions quotidiennes. Elle offre un cadre de référence qui donne un sens à notre réalité.
Elle influence notre perception du monde, notre manière de penser et nos préférences esthétiques. La diversité culturelle enrichit notre compréhension du monde en introduisant différentes perspectives. Elle favorise la tolérance, encourage le dialogue interculturel et renforce le tissu social global.
Par définition, la culture n’est pas statique. Elle évolue au fil du temps en réponse aux changements sociaux, politiques et technologiques. En somme, la culture est bien plus qu’un ensemble d’expressions artistiques.
C’est un fil invisible qui unit les individus au sein d’une société. Avoir accès aux différentes formes culturelles, c’est plonger dans les racines profondes qui nourrissent notre identité collective. En promouvant le respect de la diversité culturelle et en reconnaissant l’importance de la culture dans nos vies, nous contribuons à forger un monde plus harmonieux, où chaque voix a sa place dans cette symphonie complexe et captivante.
L’accès à la culture, un fondamental sur les plans individuel et collectif
Sur le plan individuel, la culture enrichit l’individu d’expériences, de réflexions, d’émotions mais surtout, il l’ancre dans une histoire, celle de l’humanité, mais aussi de son pays et de sa région. La culture est aussi un merveilleux outil de développement social : elle fait grandir les personnes et leur permet de ressentir leur appartenance à une civilisation, à une époque.
L’accès à la culture permet à chaque individu de s’épanouir intellectuellement, émotionnellement et artistiquement. Les différentes formes d’expression culturelle, qu’il s’agisse de la littérature, des arts visuels, de la musique ou du théâtre, offrent des opportunités uniques d’exploration et d’identification personnelle.
Cela contribue à forger une identité individuelle solide et à nourrir la créativité, stimulant ainsi le potentiel de chacun.
Outil d’intégration de l’individu dans la société, la culture a aussi un impact positif sur le plan collectif. Quelle que soit son mode d’expression, elle œuvre à la construction d’une société équilibrée ; crée de la cohésion, des repères. La culture agit comme un lien entre les individus, transcendant les barrières sociales, économiques et ethniques.
En permettant à toutes les catégories de population d’accéder à la culture, on favorise l’inclusion sociale et la compréhension mutuelle.
Les arts et la culture offrent des perspectives uniques pour aborder des sujets complexes et sensibles. Les œuvres culturelles peuvent servir d’outils puissants pour éduquer et sensibiliser la population sur des questions sociales, politiques et environnementales. Ainsi, l’accès à la culture constitue un levier essentiel pour promouvoir la pensée critique et la conscience sociale.
Pour garantir un avenir harmonieux, il est crucial de promouvoir des politiques et des initiatives visant à rendre la culture accessible à tous, créant ainsi les fondations d’une société plus éclairée et inclusive.
Interview de Laurent Rochut
Vice-Président du Festival Off Avignon et Directeur de La Factory
Laurent, pouvez-vous nous parler de l’accès à la culture à Avignon ?
Avignon est une ville particulièrement concernée par l’accès à la culture. Jean Vilar – fondateur du Théâtre National Populaire (TNP) en 1947 et directeur de celui-ci jusqu’en 1971 avait pensé le Festival d’Avignon comme un outil d’accès à la culture pour le plus grand nombre.
Il n’empêche, plus d’un demi-siècle après, le théâtre public est devenu un laboratoire où on interroge autant la forme que le fond et le grand public ne s’y retrouve pas.
Cette culture est perçue comme appartenant à des ‘sachants’… et un grand nombre de spectateurs potentiels se détournent de l’Art vivant car ils n’en ont pas les codes et pensent que ce n’est pas fait pour eux.
Le Festival Off, s’adresse à tous les publics, avec des propositions très variées. Il poursuit en cela l’œuvre de Jean Vilar et est plus proche en ce sens d’un théâtre populaire. Il n’empêche qu’il demeure de nombreuses parties de la population qui restent à l’écart des salles de spectacle, comme si leur accès était un marqueur de classes sociales. On pourrait penser que c’est pour des raisons économiques, l’accès à la culture pouvant être empêché par le prix des places, mais ce n’est pas la vraie raison. Même la gratuité de certains dispositifs n’entraine pas un afflux de spectateurs. On ne nait pas public, cela s’apprend.
Aujourd’hui, dans une société fracturée, la culture est l’une des réponses que l’on doit apporter au séparatisme de certains quartiers. Mais cela doit être une volonté politique et un chantier de plusieurs décennies. Nous ne pouvons pas nous contenter d’enchaîner la production d’œuvres pour un public privilégié. Il y a un travail important à faire de médiation et d’adaptation de l’offre culturelle aux enjeux politiques immédiats. Les Ministères de la Culture et de l’Education nationale doivent travailler de concert devant l’ampleur de la tâche, de sorte que le « pacte républicain » soit mieux qu’un vain mot.
Depuis que la nouvelle équipe de direction est arrivée à la tête du Festival Off, nous avons bâti un partenariat avec Culture du cœur, qui œuvre à permettre à des publics en grandes précarité sociale et culturelle d’accéder à des spectacles pendant le Festival Off. Des places sont achetées pour permettre à certaines populations éloignées de la culture, de venir au théâtre. Ces personnes ont alors l’occasion de rencontrer les artistes avant et après le spectacle ; la culture joue la proximité, chacun peut exprimer son ressenti. Ce sont les premières pierres d’une école du spectateur.
Il y a une dimension éminemment politique dans la culture, dans le sens noble du terme, c’est-à-dire dans l’organisation de notre société. Il s’agit que les villes, les ministères s’emparent de la culture, comme d’une arme en faveur de la mise en œuvre de nos valeurs républicaines, qui doivent s’enraciner dans la vie réelle et ne peuvent pas vivre seulement de paroles détachées du quotidien des gens… Les émeutes du printemps, dans certains quartiers, ont mis en évidence des fractures profondes. On ne pourra pas les réduire qu’avec des discours sur l’autorité et des couvre-feux.
Et les CSE dans tout cela ?
C’est la loi n° 82-915 du 28 octobre 1982 dite ‘loi Auroux’ qui est venue remplacer l’expression obsolète d’œuvres sociales du comité d’entreprise, par celle d’activités sociales et culturelles dans le Code du travail. Cette nouvelle expression offre donc une approche plus moderne, et permet d’intégrer de nouvelles activités.
Dans une entreprise qui compte au moins 50 salariés, le CSE dispose notamment d’un pouvoir de gestion des activités sociales et culturelles, ainsi que d’un budget spécifique. Grâce à ces moyens, il va pouvoir accorder aux salariés un accès à la culture.
Les critères actuellement en cours pour qualifier une activité de sociale ou culturelle relèvent du fait que l’activité est « non obligatoire légalement, quels que soient sa dénomination, la date de sa création et son mode de financement, exercée principalement au bénéfice du personnel de l’entreprise, sans discrimination, en vue d’améliorer les conditions collectives d’emploi, de travail et de vie du personnel au sein de l’entreprise».